Il serait complexe de nous situer dans le temps, au commencement de cette histoire. Il me semble que cela remonte à longtemps, ou peut-être il y a seulement quelques années. C'était impossible à dire, car il n'y avait personne pour rendre compte de cela. Pas même moi. Le protagoniste de cette histoire ne le sait pas non plus. Car il n'a jamais vu en quoi le commencement différait du reste.
Si l'on devait donner un exemple concret, pour expliquer sa situation. Nous autres, êtres humains, naissons, un jour ou l'autre. Ce jour-là, alors, nous sommes petits, fragiles. C'est le commencement. Et on voit que ça l'est, car, au fur et à mesure que le temps s'écoule, nous évoluons, grandissons. On ne se souvient pas exactement de notre passé, mais l'on se souvient que l'on était, à une époque, d'une apparence différente.
Ce n'est pas le cas de ce personnage. Aussi loin qu'il arrive à s'en souvenir, il a toujours été comme ça. Grand. Aux longs cheveux noirs. Aux grands yeux rouge sang. Des formes avantageuses. Une belle femme, en somme. Elle ne se souvient pas avoir jamais été petite. Jeune. Enfin, ce n'est pas le bon terme, car elle semble clairement jeune. Plutôt, elle ne se souvient pas avoir été ce que nous nommons bébé, enfant, adolescent. Elle ne se souvient pas non plus avoir jamais eu ce que nous nommons parents. Il est vrai, cela arrive. Il existe des gens dont les parents sont partis à leur naissance même. Ils se retrouvent donc seuls et, en grandissant, n'ont aucun souvenir de leurs parents. Mais ils savent pourtant qu'ils en ont eu. Que ce soit par pure logique, par des paroles de proches, ou autres. Yûko, elle, non. Il lui semble avoir toujours été seule. Et elle ne s'est jamais posée la question. Elle ne s'est jamais demandée pourquoi elle n'aurait pas de parents, pourquoi elle aurait toujours été comme cela. Car cela lui paraissait normal.
On pense que quelque chose est anormal car les autres le pensent. Ou plutôt, on pense que quelque chose est anormal car on pense que les autres le pensent. Alors que cela peut être totalement faux. Mais, cette pensée que quelqu'un pourrait réagir à tel ou tel acte effraie. Ainsi, on se restreint, et cela tourne en cercle vicieux. C'est ainsi que cela fonctionne.
Mais, pour se faire, il faut qu'il y ait quelqu'un et les autres.
S'il n'y a que quelqu'un, cela ne fonctionne pas.
Il en est ainsi pour Yûko.
Elle a toujours été seule, inconsciente de l'existence d'autres êtres. Ainsi, elle ne se posait pas de questions. Tout ce qui se passait lui semblait normal. Alors que d'autres pourraient penser que non.
Mais, au fond, si personne ne pense que ces choses sont mal, alors elles ne le sont pas, non ?
Yûko pensent que tout est normal. Et les autres n'ont pas conscience de ces choses. Alors, tout va bien, non ?
Yûko ne savait pas qu'elle n'était pas seule. Les autres ne savaient pas qu'elle existait. Alors, il n'y avait aucun problème.
Cela deviendrait un problème si Yûko apprenait l'existence des autres.
Nous ne nommerons point l'île dont nous allons parler, car elle n'a, ma foi, point de nom. D'ordinaire, l'humain nomme tout ce qu'il voit, tout ce qu'il touche, tout ce qu'il sent, car cela lui donne l'impression de connaître les choses, et cela la rassure. Ainsi, il est étrange de trouver une chose qui n'a point de nom. Certes, de manière générique, nous pouvons la nommer "île", mais elle n'a pas de nom propre a elle. Car les noms qui ne désignent qu'une chose précise sont donnés à des choses importante. Or, cette île était des plus insignifiante.
Je ne puis vous donner sa superficie exacte, car il ne m'est jamais venue à l'esprit de la calculer ; j'ai bien mieux à faire. Cependant, je peux vous donner les éléments qui la composent : de la terre, encore de la terre, pas la moindre trace de béton. Cette île n'était pas des plus modernes. Cependant, elle abritait tout de même un village - d'une population proche de cent habitants, ainsi que 5 chiens, 3 chats, 4 chevaux et 10 poissons rouges -, une forêt où les gens se rendent rarement, à cause de son épaisseur qui tend à perdre quiconque s'y aventure et des plaines. C'était d'ailleurs là que les habitants chassaient en général, sachant qu'ils n'allaient pas dans la forêt.
Ils vivaient aussi de la pêche, et surtout, de l'agriculture. Ce village était principalement un village agricole, à vrai dire. Il possédait aussi un grand élevage, lui permettant aussi de s'habiller. Cependant, ce village était loin d'être autonome, aussi se faisait-il approvisionner chaque mois par un navire venant d'une autre île à plusieurs kilomètres de là.
Ce dit village était fort chaleureux. Tout les habitants se connaissaient, car il y avait rarement des visiteurs. Ce village était, à vrai dire, assez fermé sur le monde extérieur, si l'on exceptait ce fameux bateau. En fait, bien qu'il paraisse chaleureux, il était loin d'être accueillant. Il n'appréciait pas les inconnus. Et c'est cela qui fera défaut à Yûko, plus tard ; mais là n'est point la question, pour le moment.
Pour l'instant, nous allons nous intéresser à une jeune fille d'environ onze ans, nommée Maria. Maria était, en apparence, une enfant tout aussi chaleureuse que le reste du village, avec un visage d'ange, une voix enfantine ; bref, une enfant adorable. Elle s'entendait merveilleusement bien avec sa famille, composée de son père et de sa mère. Elle ne possédait guère d'animaux, mais semblait montrer une grande affection pour ces derniers. La parfaite héroïne pour un conte de fées.
Mais, j'ai bien précisé "en apparence", car, comme on dit : qui ne dit rien n'en pense pas moins.
Cette jeune fille était fort mature pour son âge. Et avait une vision très sombre du monde qui l'entourait. En vérité, elle semblait tout détester.
Les chiens, les chats ? Trop collants, trop bruyants. Ça vous court autour, se frotte contre vous, ça miaule, aboie, fait bien trop de bruit. Ça vous déconcentre, ça bouffe toute votre nourriture, c'est horriblement coûteux. Des nuisances.
Le jardinage ? Douloureux, fatiguant. Vous passez votre temps penché en avant, en train de bêcher, piocher, arroser, arracher, couper, planter. Lorsque vous vous redressez, votre dos, vos jambes parfois, et votre cou vous font horriblement souffrir. Vous pouvez, éventuellement, être fier de votre travail, mais vous n'êtes pas sûr d'en tirer quelque chose. Le temps est si capricieux. Trop de soleil, les plantes vont cramer. Trop de pluie, elles vont attraper une maladie et crever. Trop de vent, elles vont se faire arracher. Trop froid, elles vont geler. Trop chaud, elle vont dessécher, ou cramer, un peu comme avec le soleil. Le jardinage était donc une activité éreintante avec un taux de réussite final trop bas pour que le jeu en vaille la chandelle. Inutile, donc.
La pêche ? Il n'y avait pas de montagne sur l'île, donc pas de cours d'eau, il fallait donc forcément pêcher dans la mer. Et la mer, c'est salé. Ça sèche la peau. Les poissons, ça sent mauvais. Ils ont, pour la plupart, un goût répugnant. De plus, si l'on excepte le gain de la pêche et ses conditions, l'activité en elle-même était d'un ennui mortel. Vous restez assis, ou debout, voire même allongé, comme bon vous semble - mais immobile, dans tous les cas, à attendre qu'un poisson morde à votre canne. Et vous pouvez attendre dix minutes comme des heures durant. La pêche était une activité longue et ennuyante.
Nous pourrions nous étaler plus longuement sur les pensées de cette enfant, mais nous nous arrêterons là, car cela pourrait devenir lassant. Je vais juste conclure sur ceci : Maria n'appréciait vraisemblablement aucune des activités de l'île, et s'ennuyait donc fortement. Par ailleurs, je tiens à m'excuser pour le langage parfois vulgaire des paragraphe plus hauts ; Maria est quelqu'un qui peut penser de manière vulgaire, de manière à penser plus concrètement. Il est plus aisé de penser ainsi, de son point de vue. Cependant, notez bien qu'elle se garde bien de s'exprimer ainsi ; elle tient à user d'un langage très correct lorsqu'elle parle, que cela soit pour jouer la comédie ou non. Quoiqu'il en soit, j'estime que nous avons assez parlé du fond du sombre esprit de cette enfant, nous allons donc continuer notre récit. Maria n'étant pas le personnage principal, nous n'allons bien sûr pas nous amuser à raconter toute sa vie, cette dernière n'étant, de toutes les façons, guère intéressante. Nous allons plutôt nous pencher sur la partie qui va entraîner sa rencontre avec notre protagoniste.
À vrai dire, ce fut son père qui commença tout. S'il n'y avait pas eu cette discution, à un dîner, tandis que le père de Maria raconter sa journée, elle n'aurai peut-être jamais pu rencontrer Yûko.
Ce soir-là, donc, tandis que cette heureuse famille dînait paisiblement, le père, que nous nommerons Jack pour éviter de l'appeler toujours de la même façon, racontait comment avait été la chasse, aujourd'hui. Cela semblait assez banal en soit ; cela le devint moins lorsqu'il annonça que, lui et des amis, ne trouvant point de proies dans les plaines, s'étaient aventurés dans la forêt. Cette fameuse forêt, citée plus haut, où personne n'allait jamais. Pourquoi ? Simplement car elle était trop grande, trop profonde, trop sombre. Elle ne laissait passer que peu de lumière ; on se croirait en pleine nuit, une fois dedans. De plus, elle était dite "dangereuse". Mais, à dire vrai, on ne disait cela que parce que la visibilité était mauvaise ; à part cela, il n'y avait rien de bien menaçant, si ce n'est un ou deux loups sauvages.
Jack était donc allé chasser là-bas avec plusieurs camarades de chasse. Sa femme, Catherine, poussa un petit cri de surprise à cette annonce, et Maria fit de-même ; même si, en vérité, tout cela commençait à l'intéresser, car elle était assez curieuse au sujet de ce lieu. Jack raconta qu'à cause de la mauvaise visibilité, ils n'avaient pu tuer qu'un cerf, mais il était plutôt grand, alors ils étaient satisfaits. Il continua avec des choses assez anodines, qui rassurèrent son épouse mais firent décroître l'intérêt de l'enfant. Il remonta cependant lorsque Jack fit mention d'une étrange maison.
Enfin, elle n'était pas vraiment étrange. Elle avait un aspect on ne peut plus normal, quoiqu'assez grand, et plutôt ancien. Non, ce qu'il y avait d'étrange, c'était qu'elle se trouva au beau milieu de cette forêt. Les chasseurs ne l'avaient aperçu que de loin, et n'avaient pas tenu à l'approcher ; ils s'étaient dit qu'elle était tout simplement abandonnée, et en étaient restés là. En vérité, c'était tout simplement une excuse pour dissimuler leur peur. Une maison dont personne n'avait jamais entendue parler, perdue dans une forêt considérée comme dangereuse, c'était étrange, effrayant. Et, une telle chose, on préfère en rester loin. L'oublier au plus vite.
Mais Maria voulait tout sauf l'oublier. Elle voulait savoir ce qui se cachait derrière cette étrange bâtisse. Enfin, elle trouvait quelque chose qui semblait intéressant.
Le lendemain, elle se leva de bonne heure, et quitta la maison silencieusement. Le soleil commençait à peine à se lever, et tout le village était encore endormi. Un tel calme était fort agréable. Comme vous vous en doutez, elle se rendit dans la forêt, et entama ses recherches. Recherches qui furent malheureusement infructueuses.
Le lendemain, elle retenta de trouver la maison. En vain. Le sur-lendemain, même chose. Plusieurs jours durant, elle chercha la bâtisse. Cela commençait à l'énerver. De plus, elle avait de plus en plus de mal à se justifier auprès de ses parents. Leur petite fille, si mignonne, qui sortait tout les jours, tôt avant l'aube, pour ne revenir que lorsque le soleil se couchait, était bien évident inquiétant. Elle aurait pu essayer de demander à son père s'il arrivait à situer la fameuse maison, mais cela aurait été révéler la réelle raison de ses expéditions ; elle s'abstint donc. Fort heureusement, elle finit par trouver.
Il se faisait tard. Une fois encore, Maria allait devoir rentrer chez elle, n'ayant guère trouver la maison. Elle marchait, enjambant tant bien que mal racines et autres obstacles, la lumière se faisant fort rare. Son petit corps d'enfant commençait à fatiguer ; elle se serait arrêtée, si elle le pouvait. Mais cela lui paraissait inconscient ; prendre une pause, c'était retarder son arrivée chez elle, et inquiéter donc ses parents. Ils pouvaient parfaitement lui interdire de sortir, s'ils jugeaient cela nécessaire. Il fallait donc faire vite.
Cependant, une problème majeure se posait. Au début, Maria n'y croyait qu'à moitié. Mais elle devait l'admettre, après avoir tourné en rond un long moment : elle s'était perdue. Elle avait des repères, qui lui permettaient de rentrer sans problèmes, d'ordinaire. Mais là, il faisait définitivement trop sombre. Impossible de s'aider d'eux. Ah...
Allait-elle devoir passer la nuit ici ? Sans doute. Elle allait peut-être finir dévorée par un loup... Grand Dieu. Finir de manière aussi ridicule.. Jamais !
Maria se donna une tape sur chaque joue, puis repris son chemin. La seule chose qu'elle pouvait faire, c'était trouver cette maison. Dans le meilleur des cas, elle serait habitée, et elle pourrait y dormir. Même si cela paraissait fort extravaguant que quelqu'un y habitât... Quelqu'un qui n'aurait jamais quitté cette forêt, aurait toujours vécu seul...C'était impossible. Enfin, dans tous les cas, Maria pourrait sans doute entrer dedans, et cela constituerait un bon abri.
Elle ré-entama donc ses recherches. Elle sursautait souvent. Cette atmosphère étouffante et lugubre était à vous rendre malade, vraiment. Maria se sentait entourée de créatures qui n'existaient pas, tapies dans l'ombre, fixant cette pauvre enfant. À plusieurs reprises, elle se retournait brusquement, agitait les bras devant elle, cherchant la chose qui aurait pu l'avoir toucher. Ne jamais rien trouver lui faisait penser qu'elle devenait folle. Et c'était probablement le cas. Sa peur la rendait folle. Elle commença à parler toute seule, pour couvrir tous ces petits bruits, réels ou venant de sa tête, mais surtout pour s'occuper l'esprit, essayer de ne plus se soucier de l'environnement.
Mais il y eut ce bruit. Pour être plus exacte, ce grognement. Un grognement très audible, mais pourtant impossible à associer à quelque créature qu'il soit. Maria se tut immédiatement, et s'immobilisa. Et le silence fut. Elle reprit son chemin, pensant que son imagination lui jouait des tours. Le grognement ne retentit pas une seconde fois, en effet ; mais il lui sembla entendre des craquements. Des craquements que produiraient des brindilles et des feuilles mortes sous les pas d'une personne, ou d'une quelconque autre créature. Elle pensa qu'ils provenaient de ses propres pas, aussi n'y prêta-t-elle guère grande attention au début ; mais elle remarqua bien vite qu'ils étaient décalés par rapport à ses pas.
Maria s'arrêta, écoutant les bruits qui se faisaient de plus en plus forts.
Ça se rapprochait. L'enfant était possiblement en danger. Il était impossible de savoir si les pas étaient ceux d'un animal, ou d'un humain. Ces pas étaient étrangement lents pour une bête, mais elle ne pouvait s'y fier. Il fallait fuir.
« Ah ! » À peine avait-elle fait un pas qu'elle s'arrêta, s'étant écorchée la jambe à cause d'une ronce. Maria s'accroupit et observa le sang couler de sa blessure. Elle fixa chaque goutte qui coulait le long de sa pâle peau avant de se mêler à la terre sombre. Elle avait mal. Elle soupira et se releva, avant de se raidir. Elle venait de réaliser quelque chose. Quelque chose de peu rassurant. Les bruits de pas avaient cessé. Et, si elle y repensait, elle pouvait dire qu'ils avaient cessé lorsqu'elle avait poussé ce petit cri de surprise.
Ça l'avait entendue.
...
Les bruits reprirent assez brusquement ; cependant, cette fois, il ne s'agissait pas de bruit de pas, mais de course.
Ça courait. Maria fit de même, oubliant bien vite sa petite blessure.
Elle courait de manière désordonnée, mais aussi vite qu'elle le pouvait. Cependant, les bruits ne faiblissaient pas.
Ça la chassait.
Maria était envahie d'un sentiment de panique. Elle imaginait déjà que sa dernière heure était venue. Cette peur rendait sa respiration saccadée, aussi sa course était elle légèrement ralentie.
Ça se rapprochait.
Ça courait plus vite.
Maria n'en pouvait plus. Elle n'était qu'une enfant, et pas une enfant très sportive, avec cela. Elle n'arriverait plus à tenir le rythme très longtemps ; de plus, elle était déjà prête à abandonner, à se laisser tuer par la créature non-identifiée. Son pas ralentissait de plus en plus.
Alors qu'elle était quasiment arrêtée, alors que les bruits de course de la bête se faisaient de plus en plus forts, elle la trouva. Cette maison qu'elle avait cherchée plusieurs jours durant, elle venait d'arriver juste en face, juste devant l'entrée.
Cette maison paraissait vieille par son style, mais semblait en parfait état. De plus, les lumières étaient allumées. Elle était donc définitivement habitée.
Maria n'hésita pas.
Elle se rua vers la porte et la tambourina de ses deux petits poings, criant que quelqu'un vienne lui ouvrir. Il lui sembla que la créature n'était plus qu'à quelques pas d'elle, aussi cria-t-elle encore plus fort, à tel point que sa voix dérailla.
Soudainement, la porte s'ouvrit ; cela prit de court Maria qui était toujours sur sa lancée à tambouriner la porte, et se retrouva à donner plusieurs coups sur la personne face à elle.
Yûko fit plusieurs pas en arrière, écarquillant les yeux :
« Qu'est-ce que...? »
Yûko demeura muette. Là, devant elle, il y avait un être, qui était, indéniablement, vivant. Un être formé de la même façon que Yûko, avec une tête, un torse, deux bras, deux jambes. Cet être était, de surcroît, doué de parole. Elle l'avait entendu crier, sans le moindre doute. L'être était plus petit que Yûko, et son physique différait, bien évidemment. Mais il était indéniablement construit suivant le même schéma que notre amie.
Jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait jamais rien vu d'autre que des plantes et des animaux. Elle n'avait jamais rien vu de semblable à elle-même, ainsi pensait-elle être unique. Mais... Ce n'était, vraisemblablement, pas le cas...? Yûko ouvrit la bouche pour tenter de dire quelque chose, mais ne parvint à produire aucun son. Elle était choquée. Très choquée. C'était comme si on vous avait dit que la Terre était plate, alors que vous aviez toujours pensé qu'elle était ronde. Yûko pensait être unique, elle ne l'était en réalité point.
Elle s'évanouit.
...
D'accord, il y avait quelqu'un d'évanoui devant elle. Mais, là, tout de suite, Maria avait plus important en tête. Ignorant royalement la jeune femme par-terre, elle rentra rapidement dans la bâtisse et referma la porte derrière elle, la verrouillant. Là, c'était mieux. Le créature ne pourrait pas rentrer, n'est-ce pas ? Je veux dire, la femme au sol vivait ici depuis un moment sans doute, et elle était toujours vivante. Donc, ça voulait dire que le créature ne l'attaquait pas, ou alors qu'elle était apte à ce défendre. Mais cette jeune femme semblait bien frêle, alors la seconde option semblait peu envisageable. À moins qu'elle n'ait une arme secrète ? Ou des pouvoirs magiques ? C'est vrai, ça, elle vit toute seule au beau milieu de la forêt. C'est peut-être une sorcière.
.. Mais, si c'était le cas, alors la vision des sorcières qu'avait Maria serait totalement chamboulée. C'était un peu cliché, mais elle les imaginait, au moins, avec un air diabolique, ou des objets suspects, quelque chose comme ça. Mais, pour le moment, l'entrée de cette maison semblait on ne peut plus normal. Et, la femme... Ah ! Grand Dieu, Maria avait oublié qu'elle était évanouie. Il fallait l'aider. Mais l'enfant avait des bras bien trop frêles pour la porter. Peut-être pourrait-elle au moins lui apporter un oreiller, une couverture ? Mais elle ne savait guère si elle avait le droit de s'aventurer dans la maison pour en chercher... Ce serait malpoli, sans permission. Alors elle supposa qu'elle allait juste attendre qu'elle se réveille.
Maria s'accroupit à côté de l'inconnue, et l'observa attentivement. Elle était belle. Très belle. Maria en rougit presque. Elle possédait de longs cheveux noirs, raides, qui lui arrivait sans doute jusqu'au milieu du dos, avec une frange régulière lui couvrant tout le front. Son visage était doux, fin, tout comme le reste de son corps. De plus, elle était grande, elle touchait certainement dans les un mètre quatre-vingt-dix. Clairement, elle ne s'attendait pas à trouver une telle personne dans ce bâtiment. Surtout que, chez elle, la seule chose qui pourrait être considérée comme anormale était sa beauté frappante. L'enfant fronça les sourcils, confuse. Pourquoi donc une telle personne vivait-elle recluse dans la forêt ? C'était insensé. Avait-elle peur des gens ? Après tout, après avoir vu Maria, elle s'était évanouie... Hm.
« Ngh... »
Oh ! Se réveillerait-elle ? Ma foi, oui, elle ouvrait, lentement mais sûrement, les yeux.
...
Yûko avait la sensation d'avoir fait un rêve très étrange. Elle ne se souvenait plus très bien de quoi il parlait, mais elle était sûre qu'il était on ne peut plus atypique. Enfin, qu'importait, ce n'était qu'un rêve... Hm ? Pourquoi donc était-elle allongée sur le sol ? Devant la porte d'entrée, de surcroît.
« Hm... Mademoiselle ? »
... Yûko tourna la tête.
... D'accord, elle n'avait pas rêvé. Ainsi, son visage afficha une profonde confusion. Comment devait-elle agir avec cette fille ? Elle n'en savait rien. Elle n'avait jamais parlé avec quelqu'un ( si l'on ne comptait pas les fois où elle s'était mise à parler avec un animal, ou une plante ), elle ne savait guère que dire...
Elle demeura silencieuse, son expression mélangée entre confusion et peur.